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 nuits blanches (noa)

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âme étoiledanse sur la lune
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MessageSujet: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyLun 5 Juin - 22:26

La nuit est humaine, parce qu’elle enlace tout et qu’elle ne peut pas tout garder entre ses bras, il y a des parties friables, il y a des morceaux de jours rattachés à ses muscles quand ils lâchent, elle se met à courir, courir pour les rattraper. Mais bien sûr si la nuit dissimulait tout il n’y aurait aucune histoire nocturne à raconter, ni la détresse d’une enfant emmitouflée dans un corps étranger, ni la patience feutrée d’une jeune mère indéniablement condamnée au silence. Parfois la nuit doit s’en aller, même un instant laisser les langues se dénouer. Menma rase les murs, les enfants rasent les murs, aujourd’hui Menma est encore une enfant et dieu sait qu’elle ne comprend pas grand chose aux autres, même pas à son fils. Noa lumière vacillante est un bout de soir découpé, elle essaye de s’échapper, elle essaye.
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyLun 5 Juin - 22:53

Les vêtements désertent sa peau devant le grand miroir. Son corps fin s'expose à sa vue. Et c'est celle qu'elle redoute le plus. Le froid glacial l'enlace, lui murmure à l'oreille sa laideur, épouse les forme de son être à la perfection. Elle ignore, ses prunelles se voilent, fuient le reflet comme elles fuiraient Méduse. Un tremblement dans son souffle. Elle prend conscience de sa personne, de chacune de ses courbes, elle les visualise à travers ses paupières, elle se hait. Ses ongles s'enfoncent dans sa hanche, s'apprêtent à la déchirer, s'arrêtent d'un seul coup. Ses cils soulevés, la glace lui renvoie un visage qui n'est pas le sien.
Un visage qu'elle rêverait d'avoir.
Un visage de jeune femme, une figure délicate aux traits fins.
Ses yeux scrutent Menma. Son âme se déchire en un hurlement silencieux. Son ventre se serre, se tord, c'est le désordre. Dans son corps, dans sa tête, dans sa vie.
Elle l'envie. Un rictus mauvais sur ses lèvres féminines. Seule grâce de la nature.
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyLun 5 Juin - 23:24

Destruction fugitive, c’est plus une enfant, non elle a pas le droit d’être une enfant ce soir, pas le droit de paniquer, pas le droit de se perdre entre vents et marées. Elle est là, c’est de sa faute, le sol s’écroule sous ses pieds, elle reste figée un instant, se retourne, s’excuse. - C’est sans mots au départ et puis elle murmure qu’elle est désolée Menma, elle replace ses cheveux Menma, elle voudrait s’accroupir, se plier à un rituel apologiaque, elle voudrait lui être plus tendre et ne pas trahir sa jeunesse comme elle a trahi la sienne. - Mais Noa n’a pas bougé d’un pouce et Menma non plus, elle a juste détourné le regard. « Je suis désolée. » Elle se répète, on se répète tous quand on veut bien faire pas vrai. Il y a le silence, et pendant ce temps, Menma se cache entre ses mains quelques instants.
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyLun 5 Juin - 23:48

Le sol s'ouvre sous ses pieds. Elle veut plonger, s'écraser dans le fond sombre d'une abysse, l'abysse de son regard vide lorsqu'elle se voit. Elle n'est rien. Elle n'est qu'une erreur. Sa peine tâche sa peau, la figure qu'elle regardait s'efface. Elle ne voit plus, elle est aveuglée par sa douleur. La commissure de ses lèvres se relève un peu plus.
Brusquement, elle se retourne.
Ses ongles sont dans sa chaire. Elle déchire sa peau. Comme l'est son âme.
Elle hait son corps. Elle le déteste, le maltraite, le renie. Il ne peut pas être sien. C'est faux. Il s'agit d'un mirage. Rien qu'un mirage. Il la dégoûte, la répugne, la déçoit.
Elle a envie de vomir.
Sa voix aux sonorités anormalement aiguës pour un homme tranche l'air, étouffée, étranglée.
«Qu'est-ce qui te désole vraiment ? Ça, ou posséder ce dont j'ai toujours rêvé ?»
Elle est mauvaise. Ça la détruit, ça la bouffe, ça la consume, ça la brûle vive. Elle ne montre jamais cette facette. Elle est méconnaissable. Changée par son aversion. Elle n'est plus la douce fille qu'elle prétend être dès qu'elle se retrouve face à elle même.
Elle n'est pas cette douce fille.
Elle n'est pas cette fille.
Elle n'est pas une fille.
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyMar 6 Juin - 0:13

La chute est accidentelle, il faut faire un constat, lister tous les dégâts. Dans la pièce ça se floute, une vieille vidéo se remet à tourner en boucle pour Menma qui a déjà vu le désastre se faire auparavant. Appréhender c’est difficile, vivre avec qui que ce soit c’est difficile. Alors que ça tourne, tourne beaucoup trop vite, Menma s’approche. « Qu’est ce que tu dis. T’es très bien comme t’es. Comme t’es dans ta tête. » Arrête de t’interrompre, de t’estomper pour le reste, t’es pas un tableau inachevé, t’es une vraie œuvre d’art et tu le sais. Tellement de mots qui échappent pas de la bouche de Menma, qui devraient. Elle bouge pas, pas encore, elle en a pas le courage. « Je veux que tu me parles, qu’est-ce-qu’il y a? »
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyMar 6 Juin - 0:34

La peine se promène sur ses joues. La douleur, la haine, l'aversion liquides. Noa ne se démonte pas, elle sourit. Comme toujours elle a souri. Pendant ce temps, en bas, sa main s'active. Vers le haut, puis vers le bas. Vers le bas, puis vers le haut. De plus en plus vite, de plus en plus fort. Elle lacère sa chaire. Elle ne lui donne aucune chance. Elle ne le supporte tellement plus qu'elle veut le voir mourir. 
Son corps a toujours été distinct d'elle. 
Et pourtant trop fusionné à son âme.
Ce qu'il y a, qu'est-ce qu'il y a ? Rien, il n'y a rien. Il n'y a plus rien au fond de ses espoirs. Rien dans ses rêves. Rien dans ses yeux de plus que des larmes. Rien dans sa bouche non-plus, pas l'ombre d'un mot qui se forme. 
Elle attend. Tout tourne autour d'elle. Elle suffoque à nouveau. C'est devenu une habitude. 
Haletante, sanglotante. Envieuse, désireuse, capricieuse, curieuse, disgracieuse. 
«Y'a que j'aimerais être toi, et que t'aimerais pas être moi.»
Elle saigne. Son coeur, sa hanche, son âme. 
Elle se hait. Il la hait.
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyMar 6 Juin - 11:09

« Mais arrête ! » Ses mains s’affairent à gifler le vide, elle l’atteint de justesse, plaque les rageux instruments de violence corporelle à l’opposé, le sang lui monte à la tête. La pièce s’est lentement rétractée sur elle-même, étouffant les deux jeunes femmes, doucement, « il » est arrivé et a épousé les formes déjà meurtries de Noa. Tout fait mal, mais ça Menma le sait déjà, elle déglutit, passe une main sur son visage. « Tu veux pas, ok? Tu sais pas ce que c’est d’être dans la tête de quelqu’un d’autre, crois-moi y a que dans ce corps que tu seras qui tu veux être et je veux, je veux que… tu le sois, que tu sois à ta place mais faut que, que t’arrêtes de te faire mal, allez arrête ça. » Rouge, sous ses ongles, Menma se déplace pour voir l’étendue des dégâts. « Bon- bon bouge pas je vais désinfecter tout ça. » Elle ne sait pas, elle ne sait pas ce que ça fait elle ne peut pas se mettre à sa place, vivre à sa place et qui pourrait. Depuis le premier jour la tension est montée en crans et Menma est restée là sans rien faire, paralysée. De loin c'est facile, oui c'est plus simple de garder le silence, pas vrai? Au moins comme ça on a pas mal, on s'en prend pas plein la gueule et les murs restent propres, sans se couvrir de vagues tristes, de tempêtes, parce que Menma, tu veux pas de tempêtes. Tu le sais.
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyMer 7 Juin - 19:25

Elle a mal. C'est pas physique, non, non, c'est psychologique. Elle souffre, elle est à bout, elle n'en peut plus. Elle a constamment ce sourire enjôleur sur ses pulpeuses. Elle a constamment cette aura lumineuse. Mais à l'intérieur, c'est le désordre, un bordel monstre, une vraie tempête qui hurle, qui hurle encore et qui détruit tout. Sans jamais s'arrêter. C'est qu'elle est un cataclysme Noa, sous ses airs de soleil. Elle nourrit son coeur de peines, toutes grandes, toutes sales, toutes moches, mais bien là. Menma approche, Noa recule. Un pas, un pas. Mais Noa abandonne. 
«Pas la peine.. Ça partira. Puis-.. Si ça s’infecte, qu’est-ce qu’on s’en fout ? Il l’aura bien mérité, ce corps. Il aura bien mérité, de souffrir comme je souffre.»
Elle passe ses doigts courts sur ses joues, récolte les cristaux salés. La seconde suivante, ils sont remplacés. Ses lèvres s’étirent un peu, pas beaucoup, juste ce qu’il faut. 
Elle se dit que parfois, elle est injuste la vie, parfois, elle est laide la vie. Elle se dit que parfois, elle s’aime pas d’être un homme, mais elle s’aime pas non-plus de pas s’aimer.
Parfois, elle pleure. 
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MessageSujet: Re: nuits blanches (noa)   nuits blanches (noa) EmptyMer 7 Juin - 21:18

Noa sans corps, propulsée dans l’hyper-espace, abandonnée pour retrouver sa nation-mère, oublier la femme. La femme s’est effondrée et Menma la ramasse à bouts de bras, l’enlaçant, échouant à la réconforter. Car le réconfort n’existe pas, ici il n’existe pas, il n’a pas de place, comme une belle apocalypse, il n’existe pas, comme la neige dans la télé, jamais elle s’en ira. Y aura toujours un obstacle entre Noa et Menma, et elle essaiera de le contourner encore et encore comme elle le fait pour tout le monde au refuge des âmes seules. Puis un jour, quand la dentelle s’usera, quand elle glissera de ses guiboles de mioche, peut-être que ce sera différent, qu’elles se regarderont en face, que ce sera pas une Noa en plastique ou l’homme qu’il y a en face d’elle pour l’instant. Mais si tout tombe pas par terre, elle peut pas ramasser les dégâts, alors elle se rapproche, si près que leurs souffles s’accommodent de l’un, de l’autre. « Stop. » Ses mains montent sur le visage de la gamine, elles courent même, elle interrompt ça, l’émission de télévision horrifique qui tourne en boucle dans la tête de Noa, sortant un instant pour aller chercher d’quoi réparer la poupée en pièces. « Je sais que tu souffres, et j’peux pas faire de miracles, j’peux pas. »
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