c’est ses yeux qui disent ça,
ouais y a eu tel, tel, tel malheur,
maintenant qu’ça s’effondre
que faire?
on s’appuie tous sur nos bras,
les bouts de nos sourires amers
ils s’détachent.
elle a les yeux grands ouverts,
plongés dans la télé comme dernier rempart
entre elle et le monde.
les petits pois congelés roulent sur ses paupières.
puis y a un vide interstellaire,
un moment de rien,
un moment de tout.

menma respire,
c’est lourd,
avec des morceaux de chaos,
avec des parts de tendresse,
mais dépecées,
comme des sales bêtes.

les étoiles cassées,
fragments partout
comme une pauvre poupée,
à qui on a trop tenu les hanches,
doucement,
gentiment désarticulée
enfoncée dans son fauteuil
les nuages se braquent
sur le poste tv
rouge,
c'est rouge sur ses poignées
constellations d'grands,
avec des morceaux insouciants
pas de douleur apparemment
trop assommée par sa silhouette
elle s'laisse bercer par son accent,
césar,
ramène lui d'l'oxygène,
allez il est pas trop tard.
après un moment,
les doigts s'appuient glacés sur l'divan
salut cez, ça va ?
un peu d'normalité
au milieu des pots cassés,
elle aimerait être dans zelda,
mais non elle est toujours là.
...c'est gentil

personne veut de galaxies déglinguées,
de bouts de gens à ramasser sous terre
dans leurs vieux cercueils amers,
elle est monochrome dans son royaume uniforme.
pas loin d'ici les détresses dansent comme des déesses
pendant que menma a décidé d'laisser ses ailes
poser sur les accoudoirs pendant que la nuit file,
et les petits bruits pas bien tranquilles
fouillent l'immeuble dans une course débile.
elle s'est terrée,
y a qu'elle pour faire ça,
elle et ses bleus d'fille caillou
doucement elle déconstruit son palais,
cez comme un anesthésiant,
qui roule sous les veines à forte dose.
et puis sa chair contre la sienne,
vulgairement écrasée,
un mégot dans l'cendrier;
l'odeur de l'orage mélangée au steak saignant,
pas encore, non pas encore,
s'il te plait pas encore.
car les silences sont trop bavards,
à m'caresser les bras avec leurs mains sagesse,
j'veux pas
j'veux pas
me touche pas !
elle s'lève, elle s'lève en trébuchant,
lourde et frêle, une vraie enfant
s'il te plait,
me touche pas,
astronaute dans ton arc brisé,
sous les morceaux de verre pilé.
cez pars de là.

voyageur intergalactique
c'est loin le monde soleil,
c'est loin.
menma est un bateau cassé,
pété, troué, abandonné en bord d'mer,
t'sais les mers dans le genre,
mères ?
elle a plus rien, elle a tout donné,
c'est fou,
on s'dégonfle...
ses océans ont déjà échoué
y a quelques temps elle avait vingt ans.
vingt ans cez,
elle aurait pu les gonfler tes ballons
faire aller danser la lune avec les autres voyageurs.
personne aurait vu le chaos qui dort
sous le plancher, le grincement monte en décibels
ça va avec la voix de la belle maman-imaginaire
elle avec ses belles tentatives toutes courant
sous le jour couchant,
dans les déambulations,
les dernières.
c'est bon,
j'suis désolée
mais c'est rien
rien de grave
j'me suis disputée
avec solal.
les pieds craquent
sur les nerveuses lattes,
elle éteint la télé,
bruit de fon enchanté,
leurs yeux se croisent,
danseurs alliés.
leurs yeux se décroisent
comme des amants aliens
sur une terre en drames.
tu l'connais
(visiteur agitateur,
tu l'connais
un bout d'personne pas bien tendre)
et de toute manière
moi aussi j'l'ai frappé
alors j'vois pas
pourquoi je réagis comme ça.

on fera tomber les fleurs
à nous deux c'est sûr
elles vont abandonner les vases
et puis se casser en courant
c'est ça que fait un briseur de coeur
tout est cassé
par terre sur le sol
des losanges paralysés,
et puis sa main sur son visage
elle appuie sans destinée,
roulent les petits pois plus très congelés.
parce que...
faut que ça sorte
ça peut plus,
ça peut plus rester muet
il veut pas de maël, cez.
depuis le début mais
il m'regardait et puis
c'était pas
c'était pas respectueux ?
et puis j'ai mal
j'veux plus voir sa gueule
elle disparaît dans son fauteuil,
fuit le contact,  
non cez,
non
t'as trop de pouvoir toi.
son fauteuil défaite, tendresse,
le trône de son altesse.