Il aime avoir chaud, Rouille.
Il a souvent froid, Rouille,
chaton arraché trop tôt à sa portée et la chaleur du frère.
Quand il s'est réveillé ce matin l'air était encore frais,
alors il s'est glissé de la caravane à son extension précaire,
l'atelier de bois et de tôle empli de bric-à-brac,
empli d'abracadabra pour les grands jours.
Il fait chauffer sa petite forge et sélectionne ses travaux.
Et puis toc toc on lui réclame ses bras.
Comment a-t-elle su, Spyro, combien ce matin il avait froid ?
Il laisse tomber ses outils dans un bruit métallique
et fait entrer la maîtresse du feu — l'esclave du feu, un peu des deux.
Il lui offre un sourire, rare dans sa sincérité.
Elle est allumée Spyro, mais Rouille il est piqué,
ils se comprennent un peu.
« T'as senti le feu de loin dis-moi. »
La prenant aux mots, il ouvre ses bras à la salamandre.
Il ne lui dira pas qu'elle tombe bien,
qu'il avait besoin de sa flamme,
que celle de la forge ne suffit pas ce matin.
Rouille essaie encore de faire croire qu'il a chaud dans la solitude.

La mine amusée, amenée par ses fantasques pensées
Elle fait glisser ses pieds sur le pallier,
attends que la Rouille daigne se ramener.
Il est content de la voir, elle le sent,
tout comme elle de lui parler à cet instant.
Le bruit de son métal se mélange à la ferraille,
la force et la forme,
un duo méchamment original
et surprenant.
c'est le feu qui m'attire, impossible d'en échapper, tu le sais.
un léger sourire chatouille ses lèvres rouges.
Spyro se blottit contre lui,
rencontre la pâleur de sa peau pour la réconforter.
montre-moi tes jouets
qu'elle raconte dans un souffle chaud.
allume une flamme entre ses doigts
pour se protéger
pour s'éclairer.
J'ai besoin d'un truc, quelque chose à détruire sur scène,
par les flammes
par mon âme.
l'ambiance est feutré, elle s'avance derrière rouille pour entrer.
ne peut s'empêcher de poser ses doigts partout,
fait étinceler le feu sur toute les surfaces.
et toi, t'as besoin de quoi ?

Elle est jolie Spyro, elle a chaud jusque dans les cheveux,
mais si elle a si chaud pourquoi a-t-elle besoin de se frotter au feu ?
Elle est peut-être comme lui au fond,
elle a peut-être froid au fond d'elle,
malgré ce qui se dégage
de sa peau,
de ses mots.
« J'ai plus besoin de rien pour l'instant »,
il dit et il dit vrai.
Il jette un œil alerte à la flamme qu'elle promène trop près de ses trésors.
« Quelque chose à détruire.
Comme un bûcher qui brûlerait haut derrière toi,
et tu danserais devant en ombre chinoise ?
Ou quelque chose de mobile
avec lequel tu puisses danser ? »
Il tourne sur lui-même et promène son son regard sur les murs où il entasse son bazar,
il cherche l'étincelle qui viendra embraser ses idées.
« Dis-moi un peu à quoi tu penses. »

Elle se sait épuisante parfois,
un peu trop allumée pour les autres
mais Rouille, lui, ne la jugera pas,
laisse sa porte ouverte à ses délires incessants.
Elle n'a peut-être besoin que de ça,
une fenêtre ouverte pour que les autres la comprenne,
si c'était seulement possible.
le spectacle lui laisse le temps de faire s'évaporer ses frustrations
les histoires qu'elle a à raconter
mais au final peu de gens entendent vraiment
les échos.
garde la première idée,
j'aimerais un numéro jamais vu
peut-être un monstre mécanique
Elle tournique un mèche de cheveux
entre ses doigts
un dragon
qui crache le feu comme moi.
Elle sait qu'elle va trop loin,
mais c'est toi l'artiste,
dis-moi ce qui est vraiment possible.