tellement heureux de revoir son troglodyte (qui pue quand même), il répond rapidement à césar que oui, elle est venue, il lui a pardonné, et que c'était gentil qu'elle vienne bien avant que lui, césar, ne vienne. juste après l'incident. il retrouve les pots cassés, le carillon défoncé par le va et vient de la porte, les perles qui jonchent le sol, et les visages en pierre sur le mur. il voit le vieil ours en peluche un peu poussiéreux, et la théière encore pleine de thé qui, c'est très étrange, n'empeste pas la décomposition.
pourtant au fur et à mesure les pruniers deviennent gris et les souvenirs sont laids, appartenant à un passé révolu et usé, un passé qui est écrit et qui ne va pas revenir.
tu l'as toute cassée ?
tu l'as toute cassée et tu veux pas me le dire ?
je croyais que tu ne lui ferais pas de mal !
merci n'est plus merci, il est brisé de partout, avec les micros fissures qui s'agrandissent pour accueillir le malheur. merci est redevenu argos heyr, qui pleurait sous son lit quand il rêvait d'hespéris. et ce argos là prend les mains de césar, les tourne et les retourne, regarde l'aimé dans les yeux, les siens s'emplissent de larmes, il est surtout triste, le tout recouvert d'un manteau d'été et de colère. il serre mes croûtes, les ramène violemment près de son coeur, là où ça fera le plus mal.
mais bien sûr qu'elle existe, elle existerait toujours !
je lui avais donné mon pardon, et je ne suis pas trop gentil !
frappe moi, vas-y, tu sais quoi, tu me DÉGOÛTES !
tu es violent, tu es méchant !
et moi, moi, je t'aime parce que je ne le vois pas !
combien de fois ais-je embrassé ces mains ?
combien de fois je n'ai pas vu la douleur qu'elles renferment ?
maintenant que je te vois, j'ai peur de toi, j'ai peur, j'ai si peur...
argos lâche les mains de césar, s'écarte de lui, et recule jusqu'à une porte.
j'ai peur...