la nuit je marche,
je marche très loin vers d'autres contrées.
je quitte les néons, je quitte jago endormi,
pour m'enfoncer dans le noir de la nuit.
et puis j'allume des cigarettes
pour voir le rouge danser dans la nuit
danser comme une étoile du sol.
la nuit je marche vers d'autres contrées,
avec des étoiles en bouteilles,
des étoiles que je bois au goulot,
pour les retrouver dans mon corps,
mon corps qui alors pétille et vacille.
cette nuit j'ai atterri ici,
j'crois reconnaître le terrain vague,
parce qu'il n'y a pas un chien, rien.
alors j'ouvre les bras,
et puis j'hurle un grand coup, très fort,
je dégueule toute l'énergie qui brûle de sortir,
comme un loup à la lune, je dégueule mes maux,
jusqu'à ce que mon souffle s'essouffle,
et que je ne puisse plus gueuler.

c'est mon coeur qui dégueule tous les non-dits
mais loin très très loin de jago, loin de la gare aussi,
pour pas qu'ils viennent me sauver (encore)
pour pas qu'ils me caressent les cheveux
qu'ils chuchotent de leur voix-cocon
tout va bien ahlem
parce que c'est faux
le monde il tourne pas rond
et moi non plus, j'tourne de travers moi.
j'me sens libre, si libre,
de vider l'air dans mes poumons,
faire mourir le dernier souffle
dans un cri de désespoir.
j'ferme les yeux, la tête tendue vers le ciel
et j'implore les étoiles
pour qu'elles m'emmènent avec elles.
mais y'a ce sifflement qui retentit
qui résonne dans tout ce vide
alors je me retourne et je vois zam
et elle est si belle sous l'astre lunaire.
j'suis pas une enfant, zam.
et j'dors pas comme tu vois,
parce que j'préfère la nuit.
et j'trouve pas que cet endroit soit si moche
la mocheté c'est subjectif.
j'hausse les épaules,
je bois une nouvelle gorgée d'étoiles
je veux transformer mon corps
en bateau ivre
et le joint entre mes doigts qui brille
c'est mon phare.
je m'approche de mirzam,
elle reflète la lumière des étoiles
elle est si belle et j'en jalouse
j'aimerais être aussi grande qu'elle
mais j'lui dirais pas.
t'en veux ?
j'lui tends mon joint,
et je descends pas les yeux,
ils restent plantés dans les siens,
si beaux, si hauts.